FOCUS

« Stay (de)focused! » ou l’expérience d’un négociateur « TDAH »

21.09.2021

J’ai grandi sans le savoir avec un TDAH (trouble déficit de l’attention et hyperactivité). Je l’ai compris bien plus tard lorsque mon fils a lui-même été dépisté comme souffrant de TDAH. A mon époque lorsqu’on avait cette tare, on était en échec scolaire et cela signifiait qu’on était soit imbécile, soit flémard, soit les deux. C’était simple.

Heureusement, la science et la société ont évolué. Désormais, on accompagne et parfois même on soigne, sans toutefois guérir, les enfants affublés de ce mal.

Il semblerait même que la société moderne fabrique des « TDAH » – c’est comme ça qu’on appelle les jeunes victimes de ce trouble – en les mettant devant des écrans toute la journée et en leur apprenant à zapper en permanence, au lieu de rester concentrés ou plutôt « focus » – c’est plus chic en anglais.

Ainsi, notre société compterait de plus en plus de jeunes et désormais d’adultes « TDAH » en échec scolaire ou professionnel parce qu’ils ne savent pas rester focus.

« Stay focus! » est ainsi devenu une injonction très à la mode dans le monde moderne de l’entreprise, en particulier, et des affaires, en général.

En effet, il apparait clairement que la société demande, indistinctement aux personnes ne souffrant pas de trouble de l’attention et aux « TDAH », de « stay focus! » sur leur travail et ainsi de rester assis de nombreuses heures durant derrière leur ordinateur de travail sans bouger.

Même si je reste convaincu que l’immobilité derrière un écran d’ordinateur puisse être un frein à la créativité et à la productivité de tout à chacun – souffrant de TDAH ou non – il est évident que les personnes souffrant d’un TADH subissent un handicap lourd dans cette course au « stay focus! » : la définition même du TDAH étant la difficulté à se concentrer et donc, par là-même, à rester « focus » !

« TDAH » non déclaré – le concept apparu dans les années 90 était encore quasi inconnu en France dans les années 70/80 – et en échec scolaire avant de devenir avocat d’affaires puis négociateur pro, j’ai souvent remarqué, au cours de ma carrière de négociateur, à quel point mon incapacité structurelle à céder à l’injonction du « stay focus! » pouvait être en réalité un véritable atout lorsqu’il s’agissait d’aborder et de mener des négociations complexes.

Ma tendance naturelle à pratiquer le « defocus » ou « defocusing » (antonyme de « focus » provenant du vocabulaire de la photographie – mon autre passion avec la négociation) se révèle souvent être un atout décisif lorsqu’il s’agit d’être en mesure de prendre de la hauteur avec un sujet, c’est-à-dire d’être en capacité de se « défocaliser » du problème ou de l’enjeu de la négociation, pour parvenir à trouver, en dehors du cadre prédéfini de la négociation, les leviers qui permettront de trouver un « deal » dans des situations complexes ou bloquées.

Autrement dit, c’est en prenant du recul pour essayer de capturer la photo globale (traduction littérale faible de l’expression anglaise to capture the global picture) qu’on parvient, avec de l’expérience, à prêter attention à ce qui se passe en dehors ou à côté de la table de négociation. Or, c’est souvent derrière ce rideau invisible, que se cachent les causes de l’échec de nos négociations.

Prétendre qu’il suffit de pratiquer le « defocus » pour traiter les racines du mal serait bien évidemment un raccourci. En revanche, dans bien des cas, se « défocaliser » un instant du problème, permet – j’en suis certain –, de prendre de la hauteur et d’avoir une vision plus globale de la situation. Il est essentiel de prendre conscience que tout ne se joue pas à la table de négociation et que tous les éléments intervenant en dehors du champ prédéfini de la négociation, doivent également être pris en compte pour parvenir à un véritable « deal » – et ce, même s’ils sont plus difficilement perceptibles ! C’est bien l’étude des forces et des leviers de négociation laissés au départ hors du champ de la négociation qui permettra de parvenir à un « deal », voire à un  iDeal – bien que pour cela, mieux vaut compter sur un iDeal Makers.

21/09/2021

Max Berger

www.idealmakers.net

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